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Aurianlinkgreen Got Bad Taste--- (((▼)))

dimanche 5 décembre 2010

Johnny Cash et le salut de l'âme

Il est des chansons qu'on peut écouter plusieurs années de suite sans jamais se fatiguer de la moindre note qu'elles contiennent. Des chansons qui élèvent l'âme, qui changent une existence et font prendre un tour nouveau à la vie le jour où l'on les découvre pour la première fois.

L'ensemble de l'oeuvre tardive de Johnny Cash rentre dans cette catégorie. Certains titres de American VI et The Man comes Around transcendent littéralement l'espace et le temps. Avant d'arriver là, Johnny Cash avait déjà atteint le statut d'idole du peuple américain, de poète rebelle et libre. Un artiste déjà mythique, mais qui a réussi le tour de force de se bonifier avec l'âge. La fin de sa vie a été marquée par une réflexion très vive sur sa mort et son "après-mort": malade, se sachant condamné, il continue a travailler. Une conversion totale a la foi chrétienne et une soumission aux concepts d'amour du prochain et d'amour universel ainsi que la transformation de sa voie, devenue plus grave, presque chevrotante, en un mot, solennelle, ont achevé de créer le terreau propice à la naissance des titres absolument incontournables dont je vais parler.

The Man comes around, Hurt, Ain't no grave et God's gonna cut you down  marquent un aboutissement complet de l'oeuvre de l'artiste. Cash sait en enregistrant ces titres, que ce sont les derniers: Hurt parle de sa maladie dégénératrice, écrite avec Trent Reznor, et les trois autres parlent du jugement dernier, de sa mort, et du châtiment des pêcheurs. Il a mis ses affaires en ordre, pacifié son coeur et attend la fin sans l'ombre d'une peur. Alors il chante du plus profond de son âme, et il nous rend un dernier service. Il donne de l'espoir, l'espoir que rien n'a été vain. L'espoir de vivre après, l'espoir que la mort  n'est pas une fin en soi. L'espoir que la justice existe, et qu'elle sera impartiale.

Dans une société qui a décidé de mettre a bas la religion et la philosophie, pour suivre la voie de la science seule et de l'économie, la mort n'est plus une donnée relevante. Quand une vie s'achève, le cycle économique n'est pas affecté, l'homme a donc décidé de se penser immortel jusqu'à la dernière seconde, de penser la consommation comme seul mode de vie et d'ignorer la fin a venir. L'homme est poussière et retournera à la poussière, mais riche, con et pas maintenant surtout. Et ben Cash arrive, regarde cette ineptie et fout un grand coup de pied dans la fourmilière en annonçant que tout ça c'est des foutaises face au jugement dernier. Certaine trouveront la démarche ridicule. Je les emmerde, ils brûleront en enfer.

Les artistes contemporains ne s'y sont pas trompés, quand ils lui rendent hommage par le Johnny Cash project   et par ce genre de vidéos. Combien d'entre eux ont compris le sens des paroles de Cash? Impossible de le savoir, mais une chose est certaine pour moi : en 4 chansons, il a changé la face de la musique. Et sur mon lit de mort, je veux pouvoir les entendre une dernière fois avant de m'en aller, heureux. Surtout que je m'appelle Jean aussi. L'homme en noir est immortel maintenant, et il le savait avant de nous quitter.

J.B

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