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Aurianlinkgreen Got Bad Taste--- (((▼)))

dimanche 5 décembre 2010

Johnny Cash et le salut de l'âme

Il est des chansons qu'on peut écouter plusieurs années de suite sans jamais se fatiguer de la moindre note qu'elles contiennent. Des chansons qui élèvent l'âme, qui changent une existence et font prendre un tour nouveau à la vie le jour où l'on les découvre pour la première fois.

L'ensemble de l'oeuvre tardive de Johnny Cash rentre dans cette catégorie. Certains titres de American VI et The Man comes Around transcendent littéralement l'espace et le temps. Avant d'arriver là, Johnny Cash avait déjà atteint le statut d'idole du peuple américain, de poète rebelle et libre. Un artiste déjà mythique, mais qui a réussi le tour de force de se bonifier avec l'âge. La fin de sa vie a été marquée par une réflexion très vive sur sa mort et son "après-mort": malade, se sachant condamné, il continue a travailler. Une conversion totale a la foi chrétienne et une soumission aux concepts d'amour du prochain et d'amour universel ainsi que la transformation de sa voie, devenue plus grave, presque chevrotante, en un mot, solennelle, ont achevé de créer le terreau propice à la naissance des titres absolument incontournables dont je vais parler.

The Man comes around, Hurt, Ain't no grave et God's gonna cut you down  marquent un aboutissement complet de l'oeuvre de l'artiste. Cash sait en enregistrant ces titres, que ce sont les derniers: Hurt parle de sa maladie dégénératrice, écrite avec Trent Reznor, et les trois autres parlent du jugement dernier, de sa mort, et du châtiment des pêcheurs. Il a mis ses affaires en ordre, pacifié son coeur et attend la fin sans l'ombre d'une peur. Alors il chante du plus profond de son âme, et il nous rend un dernier service. Il donne de l'espoir, l'espoir que rien n'a été vain. L'espoir de vivre après, l'espoir que la mort  n'est pas une fin en soi. L'espoir que la justice existe, et qu'elle sera impartiale.

Dans une société qui a décidé de mettre a bas la religion et la philosophie, pour suivre la voie de la science seule et de l'économie, la mort n'est plus une donnée relevante. Quand une vie s'achève, le cycle économique n'est pas affecté, l'homme a donc décidé de se penser immortel jusqu'à la dernière seconde, de penser la consommation comme seul mode de vie et d'ignorer la fin a venir. L'homme est poussière et retournera à la poussière, mais riche, con et pas maintenant surtout. Et ben Cash arrive, regarde cette ineptie et fout un grand coup de pied dans la fourmilière en annonçant que tout ça c'est des foutaises face au jugement dernier. Certaine trouveront la démarche ridicule. Je les emmerde, ils brûleront en enfer.

Les artistes contemporains ne s'y sont pas trompés, quand ils lui rendent hommage par le Johnny Cash project   et par ce genre de vidéos. Combien d'entre eux ont compris le sens des paroles de Cash? Impossible de le savoir, mais une chose est certaine pour moi : en 4 chansons, il a changé la face de la musique. Et sur mon lit de mort, je veux pouvoir les entendre une dernière fois avant de m'en aller, heureux. Surtout que je m'appelle Jean aussi. L'homme en noir est immortel maintenant, et il le savait avant de nous quitter.

J.B

jeudi 2 décembre 2010

Only Rock n'Roll is true Rock n'Roll

Comme chaque année la culture alternative officiel (suivez mon regard) nous déverse ses classements interminables des meilleurs albums de ce merveilleux cru que fut (encore) cette année 2010. En soit j'ai rien contre les classements, quoi de moins démocratique après tout? par contre quand on nous envoi les meilleurs groupes de l'année par paquets de 100, je rigole doucement. les mecs qui ont fait ces classements écoutent un nouvel album chaque jour que Dieu fait, le chronique dans l'instant et passe à un autre truc? c'est juste pas possible. Du moins pas possible d'avoir réellement écouter ces trucs et d'avoir un avis dessus qui permettent de dire: "ce groupe c'est le meilleur de l'année". pourquoi mettre 75 ou 100 groupes dans un classement sinon pour satisfaire tout le monde? et que vient foutre Kanye west entre MGMT et These New Puritans? Rien, oui rien, parce que ça n'a absolument aucun sens. Alors Kanye il est là, il nage entre la 100éme et et la 50éme place, Il dit salut à ses potes qui flottent lâchements autour de lui. Et il se demande si ça va booster ses ventes ce classement. Car au final établir des classements diffusés auprès d'un public hyper large et ou sont présents une large variété de styles qui s'ils ne sont pas comparables, relèvent néanmoins tous du mainstream, de la pop musique, ne peut que servir à faire bouffer plus de pop à un public sans avis parce qu’il les a tous.
Je n'ai peut être écouté réellement qu'une quinzaine d'albums au cours de la dernière décade, et encore moins de groupes, et j'ai tendances à refaire toujours les même concerts. Et chaque années je regarde ces classements interminables dont 80% m'est totalement inconnu et quand au 20% restant je n'ai généralement qu'entendu les noms ou écouté un ou deux titres. Et pourtant j'écoute énormément de musique. Mais je ne me sens pas le besoin d'écouter quelque chose simplement parce que ça existe, ni de pouvoir taper des 100% à touts les blindtests de la terre. Le meilleur album de 2010 ? Song for the deaf. Il à été produit en 2002? sans rire. Est ce qu'il en est moins valide en 2010. S'il à été effectivement enregistré en 2002, il n'en est pas moins toujours joué aujourd'hui. et franchement je doute que dans ne serait ce qu'une dizaine d'années (et je suis généreux) il reste grand chose des 100 meilleurs albums de cette année. Certainement devrions nous refaire ces classements avec quelques années de reculs, il serait à mon avis sensiblement différents. Le Velvet Underground and Nico n'était certainement pas l'album de l'année en 1967, 5 ans plus tard il l'était beaucoup plus surement. 

Il est bien loin le temps ou Rockers et Mods se foutaient sur la gueule pour savoir qui avaient le meilleur style et la meilleur musique, de toute façon plus personne ne serait foutu de faire la différence aujourd'hui entre les deux. les publics de concerts sont aujourd'hui indifférenciés. Les salles sont remplis de teenagers qui ne sont là que pour pouvoir dire "j'y était" arborant pour preuve le tee shirt du groupe qu'ils ne manquent jamais d'acheter. Et s'il ont fait l'effort de piquer le vieux cuir -que le paternel s'était acheté du temps ou il allait voir Johnny et se prenait pour un Hell's Angel- pour s'éclater dans un concert de Rock n'Roll, ils iront demain écouter de l'electro branchée avec une casquette de rappeur vissée sur la tête, comme s'ils la portaient tout les jours. Ils écoutent de tout, aiment tout, on fait tout les "meilleurs concerts de l'année", et ont tout écouté. Il sont spécialistes du rock n'roll bruitiste et psychédélique dans un concert de Q.O.T.S.A et connaissent tout du rap "Old School" quand il vont voir le Wu tang. Il prennent des poses punks en écoutant RATM et se fument un ptit pét en écoutant MGMT ("au fait tu sais que ça veut dire management?") en rêvant que le temps des hippies est revenu pour 3.6 sec. Peace and love un jour, Sataniste le lendemain. Robert Johnson est devenu un poncif, mais qui sait à quoi ressemblait réellement sont jeu hors du studio? il devait être autrement plus bruyant que les quelques mauvais enregistrements qu'il nous reste. Alors qu'est qu'on aime? le fait que Robert Johnson soit une putain d'icone spectaculaire réinventée il n'y pas très longtemps, ou une musique auquel nous n'avons de toute façon plus accès.
Le Rock n'Roll way of life est bien fini, plus personne ne s'en revendique et on peut écouter B.R.M.C en sneakers fluo et sans risque. Qui sera là pour cracher sur le sale bourgeois que vous êtes? personne pas même le groupe qui est pourtant bien là devant vous en train de vous proposer une vision du monde terrible mais auquel vous n'avez rien compris même si vous chantez en chœur et par cœur votre chanson préféré alors que les paroles décrivent votre propre mort. La danse même que vous dansez est une danse macabre et vous ne le savez pas.

A.L

vendredi 24 septembre 2010

et Kele ne l'est pas

Kele nous à récemment gratifié d'une belle galette "the boxer", qu'il a fait tout seul, avec ses petites mains, sans l'aide de son groupe Bloc Party. Disque plutôt agréable, avec quelques très bons morceaux (On the lam, Rise). Mais dans l'ensemble, et malgré l'intervention de XXXChange (Spank Rock), cela ressemble plus à une suite d'exercices de style sans grande originalité. Et sans la voix de Kele, qui y est aussi pour beaucoup dans le succès de Bloc Party, je ne serais pas allé au bout de l'album (ça reste mieux que Lady Gaga faut pas déconner non plus).
De toute façon, cela n'est pas très grave, puisque la musique est un peu passé au second plan derrière le coming out fracassant et le corps d'ivoire, musculeux et élancé de Kele. Éclipse compréhensible concernant son corps, par contre pour le coming out ce n'était qu'une demi surprise. Kele est gay, bon d'accord. Avant il le disait de façon à peine voilé dans les textes de Bloc Party. Maintenant il se fout à poil en couverture de Butt magazine. A priori ça lui a fait du bien, tant mieux pour lui.
Tant pis pour nous par contre. Kele en devenant une icône gay assumée, a cessé d'être une icône post moderne. Il n'est plus ce garçon perdu quelque part dans une zone sans nature entre Angleterre et Nigeria, Catholicisme de brousse et dérive urbaine, hétéro et homosexualité. Il était ce flou qui caractérise la société contemporaine, l'incarnation de l'être multiple, sans identité sinon son indétermination tel l'androgyne de Lautréamont. Le monde a finit par accoucher et le garçon est devenu grand, "c'est un Homme-osexuel !"
Kele ne sera donc pas notre Malcom X, il ne sera pas le héros que nous attendons. Au lieu d'être sacrifié sur l'autel de la post-modernité, il a préféré rentrer en possession de son corps et a choisis une identité bien (trops?) cernée. 

Reste qu'il est un excellent musicien, un des rares à être capable à chanter juste en concert et qu'il à une remarquable maitrise de la scène. A ne pas manquer malgré tout.

A.L

jeudi 23 septembre 2010

Ida Tursic et Wilfried Mille

La peinture d’Ida Tursic et Wilfried Mille est difficile à reproduire en photographie. La variété d’effets qu’ils utilisent (réserve, aérographe, rehaut à l’acrylique, empâtement et glacis) n’impressionnent pas un capteur LCD. La petitesse et la planéité du médium photographique donne l’illusion d’une peinture hyper réaliste, trop proche de son référent, une photo de magazine reproduite en photo dans un catalogue. Ce qui est particulièrement éloigné de ce que sont réellement leurs travaux. Leur technique est pleine de surprise: les blancs qui semblent être fait de rehauts, sont en fait de multiples pixels en réserve dont l’absence de matérialité tranche violemment avec les derniers coups de pinceau très gestuels et en pleine pâte; alors qu’entre les deux se trouve une zone qui parait au premiers abords très précise. C’est trompeur, tout les effets de diffusion liés à l’aérographe sont exploités pour reproduire le flou causé par l’agrandissement extrême des images utilisées, c’est-à-dire, une dilution des contour.. Ida Tursic et Wilfried Mille réussissent à exploiter tout les effets d’appauvrissement dut à l’agrandissement de l’image, soit pixelisation et flou, tout en faisant une peinture très jouissive dont la précision ne parait pas laborieuse. Ils parviennent finalement grâce à des effets somme toute assez simple à faire une peinture à plusieurs focales, qui ne peut être observée d’un point de vue unique.

Néanmoins, leurs derniers travaux me laissent perplexe. Toujours avec cette même technique à l’aérographe pour le fond. Mais au lieu des subtils rehauts au pinceau, on a badigeonné au rouleau une sorte de glacis entre le gris et le marronâtre qui dégouline sur l’ensemble de la toile. Un geste iconoclaste me dit ont, une censure de l’image soit disant. On voit malgré tout très bien l’image premièrement peinte sans aucune difficulté. Elle reste présente avec toute sa séduction habituel. De toute façon il n’y à pas grand-chose à censuré. Dans un effort didactique inutile on nous présente même les essais à l’aérographe fait pas les peintres pour les dit tableaux, où l’ont peux voir les belles couleurs pas encore salis par le glacis. Et l’effet chromoplaste disparait en même temps que l’iconoclasme. Resterais la volonté de s'affirmer comme peintre, de faire de la peinture qui se dénonce. D’utiliser des tons rompus comme les cubistes, de faire de la dégoulinade comme les expressionnistes abstraits, des repentirs comme Cy Tombly. Autant d’objectifs ratés, qui annulent toutes les subtilité des premières « éjaculations faciale » -ou la coulure était peinte plutôt que réel- et qui en font une peinture à une seul focale, au premier degré. À moins que ces peintures aient été jugées moyennes par les artistes et qu’ils aient cherché un moyens de les « rattraper » en en faisant des "monochromes", encore raté.

Ces peintures ne sont bonnes qu’à bruler dans un grand feu de joie. Ce qui réussi bien mieux à Ida Tursic et Wilfried Mille. Il suffit de regarder leurs Incendies pour s’en convaincre.

Come in number  51 est visible chez Almine Rech

A.L

vendredi 11 juin 2010

Alec Empire est le surhomme que nous attendons.

Lorsque Alec Empire est venu, juste avant de quitter la scène, toucher les mains tendues, je me suis précipiter poing en avant comme pour capter un peu de la force de ce demi dieu. Il n'avait pas attendu la fin du premier du morceau pour enlever son tee shirt et dévoiler un torse puissant qui tient à la fois se la statuaire grec et des canons du totalitarisme. Sa console trônant au centre entourée de Nic Endo et Kidtronic, Alec Empire est une cathédrale de chair et de son dont ATR n'est que les arcs boutants.
Si Nic Endo apparait d'une inquiétante étrangeté, retranché derrière l'idéogramme "résistance" peint sur son visage dont on ne sait si il signifie sa capacité d'absorption de drogues et de bruit ou un refus de la modernité (ce qui revient finalement au même), Alec Empire lui semble se livrer complétement et sans réserve.Seul élément stable auquel on peut se raccrocher, l'œil du cyclone.
Aucune trace de modification corporel. Son corps de marbre semble hors d'atteinte, comme s'il était la source de sa propre existence, auto-créé ex nihilo et agissant selon une logique qui lui est propre. Il est le surhomme que nous attendons, l'homme-machine, chez qui tout ce qui de l'ordre de la nature est annihilé. Ses cycles ne sont plus régies par les contingences matérielles extérieures, mais par les mouvements internes de la chimie introduite sous forme de pilules souriantes. Elles ont petit à petit remplacées chacune de ses émotions par une formes de perception contrôlée, entièrement, ne laissant place à aucun phénomène idiosyncratique. Il  est la nouvelle arcane, celle de l'affranchie androïde qui à retracé sa ligne de chance avec le rasoir de son père, il est entièrement pénétré de cette nouvelle liberté, celle du contrôle.

A.L

mercredi 2 juin 2010

Agathe David, L'oiseau bleu

Lèvres rouge sang, sourire énigmatique, voix diaphane, aussi légère que l'est son trait. Décrire Agathe David ou décrire son travail revient au même, si bien qu'au moment où je l'ai aperçue je savais de qui il s'agissait.

Voluptueux, chaud, enivrant, doux comme une pluie d'été... voilà les premiers mots qui viennent à l'esprit quand on effleure du regard les oiseaux chamarrés qui se partagent son mur au salon d'art contemporain de Montrouge. Sur fond blanc, dessinés patiemment s'étalent des formes arrondies, principalement grises, où chaque couleur traverse le tout, chaque nuance forme un arc en ciel, chaque plume est une œuvre à contempler des heures durant. Cette dominance du gris du crayon est un lit merveilleux ou se couchent les couleurs, un écrin contenant des diamants, qui permet de littéralement faire exploser chaque teinte verdoyante.

Les volutes de fumées qui se succèdent et se superposent deviennent, à mesure que l'on s'approche, de plus en plus hypnotiques. Lentement, le changement d'échelle laisse apparaitre la profusion de détails et la précision du trait. L'ensemble n'était donc qu'une illusion formée de millions de travaux minuscules? Ils arrêtent tous l'œil. Ce dédale sans fin nous entraine au fond de notre âme et nous laisse spectateurs de notre incapacité à s'éloigner de ce chant de sirène que les oiseaux pousseraient certainement si leurs yeux étaient finis...

C'est un arrachement que de s'éloigner, il faut quelqu'un pour nous pousser à partir. Une fois vus les oiseaux de paradis d'Agathe David, les plus beaux aras n'ont plus le même éclat. Dommage pour eux, tant mieux pour les spectateurs dont la rétine s'est gavée jusqu'à l'aveuglement.

Phanuel

mercredi 19 mai 2010

Mornographie

Une amie me fit part un jour de la sensation de se trouver devant des images pornographique lorsqu’elle se trouvait face à des images dont la mort réelle est le sujet et plus spécifiquement la mort violente. Il y avait l’expression d’un malaise dans ce constat, de quelque chose de malsain commun à ces deux types d’images. Ayant moi-même cette intuition, mais n’étant pas indisposé par la vue ces images, anesthésié par l’habitude, je n’avais pas chercher à pousser plus avant mes réflexions sur cette question. Mon interrogation est: y a-t-il au-delà de cet impression une réelle similitude entre les images pornographiques et les images disons «mortellement gore »?

Tuer ou jouir réellement sont deux actions qui n’ont en soit rien à voir devant la loi. L’une est condamnable, l’autre non et si un assassin à trouvé de la jouissance à tuer ce ne sera pas le motif de sa condamnation. De même, qui se soucie de savoir si un violeur trouve du plaisir dans sa barbarie, on espère bien plutôt qu’il le fait en obéissant à des forces supérieures comme un possédé qui s’éveillerait sans conscience des profanations commises.

Par contre la représentation en images de ces actions sont soumises au même régime de censure. Mais la cause n’en est pas la même. Concernant la pornographie, on se trouve dans la représentation de l’intime. Alors que pour le gore, c’est l’utilisation d’une mort réelle à des fins artistique, monétaire, etc. ainsi que le droit de la personne qui s’étend aujourd’hui jusqu’au cadavre, commun à tout les types de mort; et la violence de ces images, mais c’est aussi le cas des images de morts factices.
Ce qu’il y a de commun à ces censures ne se trouve finalement pas du coté de ceux qui les exposent, mais du coté du spectateur. Dans les deux cas ce qui est condamnable, c’est de trouver sujet à y jouir par procuration. Les images pornographiques sont de toute évidence destiné à provoquer la jouissance, les images de crime de sang elles, si elles ne sont pas toujours fabriquées à cette fin, sont regardées à cette fin. Ces deux sortes d’images s’appuient sur les même ressorts pour provoquer la jouissance. Elles satisfont à une pulsion scopique, elles montrent ce qui est habituellement caché, elles permettent de voir à l’intérieur. C’est-à-dire pénétré avec le regard, en cela ce type de jouissance appartient au masculin.
Je suis prêt à postuler que c’est bien à cause de leur caractère contre nature, c’est-à-dire la représentation d’objet dont la nature est d’être caché, qu’elles provoquent la jouissance et/ou le malaise, et non seulement en vertu de la transgression d’un simple interdit culturel. Ce qu’on y voit très concrètement ce sont des écoulements de fluides corporels, sang et sperme essentiellement, liquides dont la fonction ne les destine pas à voir la lumière du jour.

Face à ces images l’œil est l’anus jouisseur qui éjacule du caca.
A. L.

Ewiger Landfriede, les déserteurs

Ewiger Landfriede est un collectif qui ne se définit par rien d’autre que par le fait d’être un collectif et que ses membres sont anonymes, ont ne connait pas leurs nombres et ils agissent en utilisant des pseudonymes, suivis de « members of Ewiger Landfriede », qui ne sont pas rattachés à une personne physique précise mais plutôt à un type de travaux ou à un aspect de leur travail. Ainsi les textes sont presque tous signés Hadrien, les photos Carl, etc. Ils se sont eux même définis à leur début comme un « Shwarzer Block » . Leur travail s’est développé entièrement sur les réseaux sociaux, en utilisant du matériel trouvé sur ces réseaux sociaux.
Le premier fut une vidéo faite à partir d’image de chat ou apparaissait des smiley et émoticônes, ainsi qu’une image du Joker tiré du film The Dark Knight; en fond était lu un passage de Lautréamont reproduit ci-dessous.

« J’ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs action: la gloire. En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les autres; mais, cela, étrange imitation, était impossible. J’ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et je me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardais dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volonté! C’était une erreur! Le sang coulait avec abondance des deux blessures empêchait d’ailleurs de distinguer si c’était là vraiment le rire des autres. Mais, après quelques instant de comparaison je vis bien que mon rire ne ressemblait pas à celui des humains, c’est-à-dire que je ne riais pas. »
Les Chants de Maldoror, Chant premier
Lautréamont

Le second travail était fait à partir de photos trouvées sur facebook, seul les visages avait étés floutés, pour protéger l’anonymat des personnes y apparaissant autant que les membres du collectifs probablement. Ces images avaient des aspects récurrents: photos prises au flash, sujets prenant la pose cadrés au niveau de la ceinture avec un fond désaccordé avec le premier plan. Bien que ces photos aient toute été probablement faites avec des appareils photo numériques grand public, les canons qu’elles semblaient suivre était ceux d’une image issue d’une webcam.

Après quelques errements passant par des dessins faits à partir d’images trouvées sur ces réseaux assortis de légendes elles aussi trouvées, mettant en valeur le hiatus entre les images et les commentaires qu’elles suscitent, et des portrait faits avec un masques de smiley sur la tête -travaux qui manifestaient une volonté de faire de l’art de manière plus académique - Ewiger Landfriede accoucha de son travail le plus intéressant à mon sens. Celui-ci s’intitulait Sex portrait et était sous-titré no image was injured. Il consista à mettre comme photo de profil une photo de très mauvaise qualité représentant un sexe masculin. Une citation (reproduite ci-dessous) fut mise comme statut:

« Je ne comprend pas cette censure du sexe, en effet il me semble bien plus exhibitionniste d’exposer son visage au tout venant, que de montrer un sexe qui est finalement anonyme »
A-Queer: La pudeur à l’aire du Contrôle - Jane Allin p 352, White Books éditions 2007

Il était presque impossible de savoir ce que représentait la photo sans la citation. Celle ci est apparemment explicite, et nécessite peu de commentaire. Le propos est assez clair: la volonté d’Ewiger Landfriede était de mettre en valeurs l’aspect fétiche des photos de profils et le hiatus qui existe entre celles-ci et la personne physique représentée autant qu’il en existe entre l’aspect du sexe et la personne auquel il appartient (sur ce sujet voir le court métrage de Jean Eustache avec Mickael Lansdale Une sale histoire). On peut supposer, étant donné les travaux précédents, que la photo présentée était issue d’une photo trouvé sur le web. Néanmoins rien n’interdit de penser qu’il s’agit du sexe de l’un des membres du collectif. Dans les deux cas il serait impossible d’identifier le propriétaire dudit sexe. Au delà du simple fait de savoir à qui appartient le sexe, son apparence ne permet pas d’en déduire quoique ce soit quant à l’identité de son porteur, la mauvaise qualité de la photo ne permet même pas de dire sa couleur de peau. De plus le titre de l’ouvrage dont est tiré la citation accompagnant la photo semble indiquer la volonté d’Ewiger landfriede de se rattacher au théories queers. Ainsi le sexe pourrait appartenir à un transexuel.
Après recherche je n’ai pas trouvé l’ouvrage indiqué, ni plus que l’auteur ou l’éditeur. Dans ce cas la citation devient interprétable comme étant part de l’œuvre et non pas simplement comme une légende.
Malgrés les nombreux pseudonyme qu’Ewiger Landfriede utilise, Il est étonnant qu’ils se soient retranchés derrière une fausse citation, signée par quelqu’un défini comme extérieur au collectif, la mention « members of Ewiger Landfriede » n’apparaissant pas; comme si les membres n’assumaient pas leurs prise de position, ou bien exposaient leur point de vue a contrario. Dans ce cas le A précédent le mot Queer pourrait être interpréter comme un privatif, indiquant une mise à distance de ces théories, et le fait qu’elles se heurtent au corps sur le problème de l’identité, et finalement ne parviennent pas à le dépasser, puisque construit contre (et appuyer sur) celui-ci . Le reste du titre de l’ouvrage évoque clairement le problème de l‘omniprésence de l’image. Le nom de l’édition plébiscite sans doute un iconoclasme radical. Quand au nom de l’auteur, si il y a lieu de l’interpréter je dirais qu’il fait référence à Gigi Allin - certain des travaux d’Ewiger Landfriede étaient signés Gigi. Gigi Allin malgré sa chanson « exhibe yourself to kids » ainsi qu’une sexualité ultra virile et (quasi) animale était homosexuel (très loin du cliché que peut susciter cette communauté) et avait un pénis réduit à très peu de chose à cause de l’usage intensif de drogues. Il passait son temps à se détruire le crâne à coup de micro et déféquait sur scène. Il semble donc cristalliser un certain nombres de préoccupations d’Ewiger Landfried.

Après ce travail, Ewiger Landfried est resté longtemps silencieux, jusqu’à ce communiqué:

«Nous espérons qu’internet continuera à générer des formes toujours plus monstrueuses. Pour notre part nous ne pouvons que constater que notre travail ne pourra jamais qu’être en deçà et dépassé, sinon en retard, par le web 2.0. Ceci ainsi qu’une certaine lassitude, augmenté d’un dégout croissant pour ce que nous voyons nous conduit à renoncer à notre travail. Nous ne voulons pas participer à l’accroissement des banques de donnés considérant que le fait de stocker la production humaine, loin de la faire progresser et d’assurer sa pérennité (dont nous n’avons d’ailleurs que faire) la stigmatise comme le fait une photographie et est une catastrophe comparable à l’énergie nucléaire. En conséquence, nous avons supprimé l'ensemble de notre production en ligne, non seulement des sites, réseaux et blogs en ligne, mais aussi de nos banques de données personnelles. Nous demandons à toute personne ayant sauvegardée des données postées par nous de faire de même.
L’arrêt de nos activités lié au web ne signifie pas la fin d’Ewiger landfried. Désormais notre travail n’utilisera plus aucun matériel trouvé sur internet. Il ne sera pas non plus reproduit pas des moyens technique. Seul le mode d'action doit subsister. "

Robert […] 1er & Hadrien […] Volkthroned
Members of Ewiger Landfriede»

Après ce communiqué Ewiger Landfriede à effectivement supprimé tout son contenu y compris ce court texte ainsi que tout ses réseaux laissant néanmoins en place un certain nombres de ses supports.

Cette dernière démarche iconoclaste mettait en valeurs l’une des caractéristiques du contenu du web 2.0: il peut en apparence être intégralement supprimé par les utilisateurs. D’autre part en ne supprimant le contenu et non ses supports, Ewiger Landfriede constituait son dernier (jusqu’à preuve du contraire) travail. La condition d’existence sur le web n’est pas le contenu, la condition d’existence, c’est le nom de domaine. L’Œuvre ultime d’Ewiger Landfriede, serait de créer eux même un réseaux. Les véritables web artistes sont les créateurs de facebook, Twitter, Myspace ou Chatroulette. Loin de créer de simples outils, ils inventent des structures extrêmement contraignantes laissant aux utilisateurs une marge de manœuvre très limitée. Les mots parlent d‘eux même, on est créateur ou utilisateurs. Le web 2.0 est une illusion: le contenu y est absolument anecdotique. L’ abdication d’Ewiger Landfriede vient probablement de ce constat. En outre Ils ont probablement considéré que la création de tels réseaux se trouve en dehors de leur champ d’action, ne relève finalement pas d’un travail artistique et est contraire à leurs idées - l’idée de Shwarzer Block excluant l’idée de structure contraignante.

Je suppose que les travaux futurs d’Ewiger Landfriede ne seront jamais vus par d’autres que par eux même et resteront strictement underground (au sens propre du terme), mais ceci n’a que peu d’importance, l’apparence et la visibilité de leurs travaux n’étant manifestement plus ce qui les préoccupe. La leçon finale d’Ewiger Landfriede est donc pour moi que la condition d’existence et la finalité d’une image et de manière plus précise de l’art n’est pas sa visibilité, ni plus qu’elle n’est une garantie de sa qualité.

 A. L.

dimanche 16 mai 2010

Putréfaction

Considérant que nous sommes dans un monde en guerre, et que l'important n'est de participer qu'à la condition de perdre, il est important d'établir sa stratégie de défense avant de passer à l'attaque.Contrairement aux revendications d'un certain nombres de blogueurs, criant à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas de ligne éditoriale sous-tendant leurs propos, l'Aire de la Mouche a une ligne éditorial. Il ne s'agit pas de se spécialiser sur tel ou tel sujet. Non, ce que je veux voir c'est le monde en train de se décomposer, de pourrir. Voilà le vrai propos: la beauté de la putréfaction. J'emmerde Kant et sa communauté de sentiment universel. Énoncer un jugement de manière péremptoire comme nous le ferons ici ne se fera pas dans l'espoir d'un consentement du lecteur. Peu importe les prises de positions, ce que j'aime est constitué de ce sur quoi je crache. La décadence contemporaine est un cloaque qui me fait sortir de la merde des yeux et par là même provoque les plus belles formes. Un certain nombre de textes seront ici de l'ordre du badinage, de l'exercice de style, mais on ne pourra apprécier leur fonds sans être sois même possédé par une sorte de fascination perverse et malsaine pour ce qui nous détruit. Quelques soient nos intentions, on ne peut se risquer à décrire le morbide sans s'y perdre et se prendre au jeu de la danse macabre.

Prenez tout cela comme des caprices inconséquents et de mauvais goût, des cruautés pour mon plaisir écrites par des charognards.

A. L.

samedi 8 mai 2010

Kiril Ukolov

Globalement le travail d'installation de Kiril Ukolov ne m'emballe pas, mais ses sculptures en feuilles de plastiques grises thermo-collées font preuve d'une réelle confrontation au matériau et réussissent à capturer l'esprit de notre époque. C'est toute la beauté du monde en train de se détruire qui est capturer, une sorte de corail fait de déchets industriels semble s'être développée autour d'un être anthropomorphe. On est face au reste de la mue de l'homme nouveau.

A. L.

Agathe David

Le travail d’Agathe David n’a rien d’évident. Il m’est difficile d’en parler tant la matière de ses dessins est ténue. Le graphite semble comme en suspension à quelques microns de la surface du papier.
Ce qui s’offre en premier à l’œil c’est la forme globale, des créatures oiseaux aux ailes déployées, tendues comme une toile d’araignée de manière à attraper le regard. Une fois pris au piège, on se perd volontiers dans les méandres des plumages, jusqu’à en oublier l’origine. Le chemin que nous fait faire Agathe David est à l’exact inverse de celui de son processus de création. En effet, les crayons semblent avoir parcourus la feuille se répandant en courants pour finalement générer ces créatures ailées. Mais nous spectateurs, nous régressons de la forme à l’informe. Comme dans les visions générées par l’ayahuasca, nous sommes pris dans un spirale descendante qui nous ramène à un imaginaire d’où notre propre totem pourrait sortir.

Agathe David expose au Salon de Montrouge jusqu'au deux juin.

A. L.

jeudi 6 mai 2010

Crystal Castles II

Pour mon plus grand bonheur le nouveau Crystal Castles, à nouveau éponyme, est sorti en avance sur la date prévue. Le premier album m'avait déjà beaucoup plus, mais le 8 bit abonde et Kap Bambino avait la double qualité d'être français et de développer une imagerie post gothique lié à la gnose et la kabbale, ce qui a tout pour me plaire.
Ce nouvel album, si il est, comme son nom l'indique, dans l'exacte continuité du précédent, fait preuve d'une vrai cohérence et ne s'attarde pas sur les acquis du premier. la réduction des moyens semble volontaire chez Crystal Castles, et c'est cette expérimentation d'un médium laissant très peu de choix, qui oblige à établir des stratégies de création qui dépassent largement les sons d'une console Atari première génération ou ceux d'une synthèse FM trop compressée tellement banale dans l'électro pop des années 2000.
Ce qui fait véritablement l'identité de Crystal Castles, c'est l'adéquation entre les sons d'Ethan Kath et le traitement de la voix d'Alice Glass, dont les qualités vocales ne se limitent pas seulement à l'énergie qu'elle déploie sur scène. Sur ce nouvel album, fini l'usage parfois abusif de reverb et de vocoding, mais réduction quasi systématique de la définition des enregistrements de voix si bien que celles-ci semblent véritablement pénétrer les sons 8 bit voire, comme sur Year of Silence, s'interpénétrer. La voix est prise comme un véritable matériau sonore, et pas seulement comme une illustration de la musique.
Une vrai création, sans écran de fumée. Pas besoin d'en faire des tonnes avec des manifestes teenage façon Bloody Beetroots, pour faire du bon son. et ça n'empêche pas de faire des vrais textes.

A. L.


Julien Salaud




En faisant une première fois le tour du Salon d'art contemporain de Montrouge, le travail de Julien Salaud m'a immédiatement arrêté. La séduction esthétique est absolument évidente, on passe très facilement, grâce au réseaux de fils qu'il tend entre ses différents travaux, de ses taxidermies constellées à ses dessins hypnotiques eux mêmes fait de réseaux. Son travail pénètre de manière immédiate et puissante l'imaginaire, et nous promène à la surface des fourrures comme un chaman nous ferait rentrer en transe.
Une fois le premier choc passé c'est une lecture au travers du livre de Giono, Un Roi sans divertissement qui s'est imposée à moi. C'est toute la sauvagerie qui est doublement fixée dans son travail. A la fois par la taxidermie (fixed en anglais) et par les clous qu'il plante dans ses animaux mais qui pourtant ne font pas couler de sang, comme si la nature était muette. Ce n'est qu'une fois que tout les fils sont tendus entre les clou, créant un réseau serré et labyrinthique, que le travail de Julien Salaud prend sa vrai dimension. De même que le héros de Giono Langlois, trouve la solution à son désir de faire couler le sang dans la projection de son crâne a la taille de l'univers, Julien Salaud fait de ses animaux sauvages des Constellations, leurs donnant ainsi une dimension cosmique. Mais il faut accepter de s'y perdre pour y entrer.

Julien Salaud est lauréat 2010 du Salon de Montrouge.



Adrian Loosveld